
Avec l’âge, les pathologies chroniques se multiplient et les ordonnances s’allongent. Résultat : près d’un senior sur deux prend au moins cinq médicaments chaque jour. Une situation à risque, mais évitable. Piluliers connectés, coordination avec les professionnels de santé… Des solutions existent pour mieux gérer les traitements.
Un phénomène courant mais à surveiller de près
La polymédication désigne la prise simultanée de plusieurs médicaments sur une période prolongée. En France, selon la Haute Autorité de Santé (HAS), près de 48 % des personnes âgées de 75 ans et plus prennent au moins 5 médicaments par jour.
Si la polymédication est souvent justifiée par la présence de pathologies chroniques multiples (hypertension, diabète, arthrose, maladies cardiaques, etc.), elle n’est pas sans danger. Plus le nombre de traitements augmente, plus le risque d’interactions médicamenteuses, d’effets indésirables, de confusions, ou d’erreurs de prise devient élevé. À cela s’ajoute une perte d’autonomie progressive chez certains patients, rendant la gestion de leur traitement encore plus complexe.
Des outils pour mieux gérer les traitements au quotidien
Face à ces défis, plusieurs solutions ont vu le jour pour accompagner les personnes âgées et leurs aidants dans la gestion quotidienne des médicaments.
Le pilulier, un allié indispensable
Longtemps cantonné à une boîte en plastique à compartiments, le pilulier a aujourd’hui évolué vers des versions connectées et intelligentes. Ces dispositifs permettent de programmer des rappels sonores ou lumineux, d’alerter un proche en cas d’oubli ou de mauvais usage, et même de suivre à distance les prises de médicaments via une application mobile.
Certains modèles, se sont imposés dans les familles et les établissements médico-sociaux. Pratiques, ils contribuent à renforcer l’autonomie tout en rassurant les proches.
Les applications mobiles de suivi de traitement
Pour les seniors à l’aise avec le numérique, des applications comme MediSafe ou MyTherapy permettent de créer une fiche personnalisée des traitements, de recevoir des alertes quotidiennes et de noter les effets ressentis. Ces données peuvent ensuite être partagées avec le médecin traitant ou le pharmacien pour ajuster la prescription si nécessaire.
La PDA, un service proposé en pharmacie
De plus en plus de pharmacies proposent la Préparation des Doses à Administrer (PDA). Il s’agit d’un service où les pharmaciens préparent à l’avance les médicaments dans des sachets ou plaquettes à usage quotidien, selon l’ordonnance en cours. Résultat : plus de sécurité, moins d’erreurs et une prise en charge personnalisée.

Professionnels de santé et aidants : une coordination essentielle
Sécuriser la prise de médicaments ne repose pas uniquement sur la technologie. Le lien humain reste central dans la prévention des risques liés à la polymédication.
Le médecin généraliste : chef d’orchestre du traitement
C’est lui qui prescrit, ajuste et suit l’évolution des traitements au fil du temps. Un bilan régulier des ordonnances s’impose pour éviter les prescriptions redondantes, inutiles ou inadaptées à l’état de santé actuel du patient.
Le pharmacien : un conseiller de proximité souvent sous-exploité
Trop souvent perçu uniquement comme un distributeur de médicaments, le pharmacien joue pourtant un rôle-clé. Il peut détecter les interactions médicamenteuses, proposer des équivalents moins nocifs, voire organiser un entretien pharmaceutique pour mieux comprendre les habitudes de prise du patient.
Ces entretiens, pris en charge par l’Assurance Maladie pour les patients sous traitement chronique, sont encore peu connus mais très efficaces.
L’aidant : pilier du quotidien
Enfin, la présence d’un aidant (enfant, conjoint, voisin, auxiliaire de vie) est souvent déterminante. C’est lui qui remarque les signes de fatigue, les effets secondaires anormaux, ou les oublis répétés. Il peut aussi accompagner le senior chez le médecin ou à la pharmacie pour faire le point régulièrement.
Et en cas d’hospitalisation ?
Lors d’une entrée ou d’une sortie d’hôpital, il est essentiel de procéder à une conciliation médicamenteuse : ce processus consiste à comparer les traitements en cours avec les prescriptions hospitalières afin d’éviter les ruptures de traitement ou les doublons. Trop souvent négligé, ce moment est pourtant stratégique pour éviter les accidents médicamenteux.

5 conseils concrets pour mieux vivre avec la polymédication
- Mettre à jour régulièrement sa liste de médicaments : nom, posologie, indications, date de début. La partager avec tous les professionnels de santé concernés.
- Ne jamais arrêter un médicament sans avis médical, même en cas d’effets secondaires. Toujours en parler à son médecin.
- Installer une routine quotidienne : associer la prise de médicaments à un moment fixe (repas, émission télé, activité régulière).
- Utiliser un pilulier ou une application adaptée à son niveau de confort technologique.
- Impliquer son entourage : parler de ses traitements, exprimer ses doutes, demander de l’aide si besoin.
La polymédication chez les seniors est un enjeu majeur de santé publique. Si elle est souvent nécessaire, elle ne doit pas être synonyme de confusion ou de danger. Grâce à des outils modernes, un accompagnement adapté et une véritable coordination entre professionnels de santé et aidants, il est possible de préserver la qualité de vie et l’autonomie des personnes âgées, tout en sécurisant leur traitement au quotidien.